Heureux qui comme Féloche…
Par Maud Sérusclat-Natale
Les Trois Coups.com
Féloche, l’oiseau siffleur de la chanson française, monte en flèche. Cet extraterrestre de la musique contemporaine est venu réveiller les Francs-Comtois dans la petite salle du foyer Georges‑Brassens de Beaucourt. Un grand plaisir pour les yeux et les oreilles, à partager en famille et entre amis sans modération.
Féloche | © D.R.
Je l’avais découvert en voiture, un soir. Ce n’était pas une coïncidence : c’était le destin. Féloche (pour Félix), c’est un artiste voyageur qui partage ses pérégrinations joyeuses et les transforme en chansons. Révélé en 2010 lors de la sortie de son premier album la Vie cajun, il avait montré au public son talent et son originalité. Inclassable sur la scène de la variété française actuelle, dans laquelle il se reconnaît peu, Féloche, c’est un mélange des Rita Mitsouko, de Paris Combo, de Bénabar et Jacques Higelin, le tout avec des cuivres et des cordes, arrosé de mandoline et d’accordéons. En mieux. Rien que cela. Dans Silbo, son dernier album, il joue, chante, siffle, et il fait savoir qu’il a en outre des choses à dire. C’est décalé, c’est cocasse, c’est drôle, « ça gratte et ça chatouille », mais c’est aussi « politique quoi ! ». C’est surtout juste, et ça réchauffe quand novembre est tout gris et lorsque l’humeur est un peu gâtée par la morosité ambiante.
Mais d’où ce quadragénaire non moins sexy que pêchu tire-t-il autant d’énergie et de talent ? De ses voyages évidemment, mais également de ses partenaires, trois musiciens et choristes déjantés et virtuoses avec lesquels il prend visiblement beaucoup de plaisir à jouer. C’est parti pour une heure et demie de festin musical, de gourmandises pimentées et d’exploration sonore. « À quatre pattes dans les Carpates », le timide public beaucourtois se laisse emporter l’air de rien en Ukraine, donc, mais encore en Espagne, aux îles Canaries sur les traces des Guanches et à New York. Revitalisés et presque ensorcelés, nos yeux et nos oreilles ne nous appartiennent plus. À tel point qu’on a du mal à quitter la salle. Alors, Féloche nous raccompagne en musique à nos voitures.
Cerise sur le gâteau, le spectacle est fignolé au millimètre. Ce sont des bêtes de scène. Mais attention, point de hurlements déchaînés ou d’arrangements agressifs, par d’effets spéciaux enfumés ou de superflu qui casse les oreilles. Rien de cela. Avec ses instruments rares et doux, avec des choristes exceptionnels, notamment la chanteuse luronne Caroline Daparo autant incroyable que désopilante, Féloche nous vend du rêve assaisonné d’humour, mais pas seulement. Il nous remue. On peut chatouiller le cœur avec des chansons cocasses : il le fait très bien. Car Féloche n’est pas qu’un saltimbanque autodidacte et plutôt doué. C’est aussi un poète. De ceux qui sont un poil lunaires et qui ne se prennent pas au sérieux, de ceux qui nous émeuvent pour de vrai et pour de bon. Dans Tous les jours en particulier, il nous réconcilie délicatement avec notre morne réalité et nous redonne bonne mine en mettant en lumière « nos petits vides et nos grands vertiges ». Il fait voir la vie autrement, nous invite à relativiser. Un magicien-musicien loufoque et drôle à ne pas manquer ! ¶
Maud Sérusclat-Natale
Féloche
Chant et mandoline : Féloche
Contrebasse, trombone et chœurs : Christophe Malherbe
Violon, mélodéon, bouzouki et chœurs : David Rolland
Percussions, programmations, accordéon et chant : Caroline Daparo
Maison pour tous de Beaucourt, en partenariat avec
MA scène nationale • hôtel de Sponeck • 54, rue Clemenceau • B.P. 236 • 25204 Montbéliard cedex
Réservations : 0805 710 700
billeterie@mascenenationale.com
Le 21 novembre 2014 à 20 h 30
Durée : 1 h 30
25 € | 9 €